20/10/2005
Le 8 octobre dernier était organisé à Mimizan un chantier de brûlage dirigé dans un milieu particulier : la dune. Cette opération était organisée par lEcole forestière de Bazas (centre de formation agréé par le ministère de lIntérieur pour le grand sud-ouest soit 20 départements), et encadrée par les SDIS 33 et 40. Elle entre dans le cadre de la formation de stagiaires aquitains pour obtenir léquivalence de chef de chantier brûlage dirigé (pompiers, conseillers forestiers, DFCI, ONF, forestiers - voir l'article de juin 2005). Le chantier a pu avoir lieu grâce au partenariat des services du Ministère de lagriculture et du Ministère de lIntérieur, des SDIS 33, 40 et 47, et de lAssociation régionale de défense forestière contre les incendies. Récit détaillé de la journée.
Le chantier a été programmé en fonction des conditions météo : les conditions anticycloniques et labsence de pluie de la 1ère semaine doctobre ont permis de le fixer au 8 octobre. Même avec des conditions météo favorables, le résultat de lopération restait incertain du fait de la nature même de la parcelle : nombreux chênes pédonculés encore verts, strate herbacée discontinue avec une strate arbustive très dense. Cétait en outre la première fois que le groupe de stagiaires « brûlage dirigé » était confronté à une zone en pente : le feu allait-il suivre préférentiellement le vent ou la pente ?
Lobjectif de la journée était que lensemble des participants, répartis en deux groupes de six personnes, prenne part aux opérations.
Le chantier heure par heure
10h. Rendez-vous au centre de secours de Mimizan : les organisateurs répartissent les équipes.
11h. Visite à pied de la zone de chantier, en loccurrence une parcelle dun hectare sur la dune dUdos. Cette zone privée a pu être utilisée pour lexercice grâce à laccord du propriétaire, M. Fraikin, ainsi quà lautorisation donnée par le Maire de Mimizan de procéder à un brûlage dirigé sur le territoire de la commune. Au préalable, des voies daccès pour les camions, qui font également office de pare-feu pour le reste de la parcelle, ont été tracées.
La visite permet aux participants danalyser le terrain et la sécurité à mettre en place sur le chantier. Chacun est amené à donner son point de vue : lanalyse de la situation est une partie cruciale de lexercice. Des actions complémentaires pour optimiser la sécurité sont également proposées. Lobjectif fixé à lexercice est dutiliser un minimum deau.
12h. Le premier chef de chantier est désigné : Jean-Marc Billac, conseiller forestier et membre de lARDFCI, assurera la coordination des deux équipes (une équipe active et une équipe de réserve, à tour de rôle).
13h. Mise en place du matériel et de la sécurité. Chaque participant séquipe minutieusement. Les seau-pompes et les râteaux sont disposés, puis lensemble du matériel est soigneusement contrôlé. Les équipes de sécurité se mettent en place : une unité de Mimizan est présente (une unité est constituée dune jeep et de deux camions porteurs deau dune capacité de 3000 litres chacun) ainsi quune unité du Centre dessai des Landes. Un camion citerne feu de forêt (CCF, capacité 6000 litres) est également prêt à intervenir. Enfin, pour compléter le dispositif de sécurité et protéger le reste du massif, une bande mousse (composée deau, dair et dun additif chimique) de 2 mètres de large est appliquée sur les végétaux à lextérieur de la parcelle. Le chef de chantier procède alors à « lexplication préparatoire à lallumage ».
14h. Mise en place dune éprouvette. Le feu est mis à une partie du chantier pour étudier son comportement. Lallumage dépend des résultats de léprouvette : en loccurrence ils sont satisfaisants puisquils répondent aux prévisions. Les autorités compétentes sur le territoire sont prévenues de leffectivité de lallumage : la mairie, la gendarmerie, la police municipale, et le CODIS, centre opérationnel des sapeurs pompiers situé à Mont de Marsan. Auparavant, le contact a été établi avec Météo France afin danticiper tout changement des conditions météo.
Les stagiaires procèdent alors à lallumage : le feu est mis au combustible présent sur le haut de la dune (ajoncs, chênes, pins, acacias, ronces) à laide dune torche dotée dun bidon et dune mèche. La descente se fait par les côtés en deux équipes séparées. La parcelle est brûlée avec toutes les précautions dues à la difficile nature du terrain et au risque de projection de parties incandescentes à lextérieur du chantier. Cette phase durera environ deux heures, marquée par un développement important du feu resté sous contrôle de léquipe.
Bilan de lopération : la parcelle est nette, les résultats sont conformes aux prévisions, lobjectif de lopération est donc rempli.
Epilogue...
Place au debriefing : tous les participants visionnent les films de lopération et apportent leurs commentaires, analysant les choix qui ont été faits. Le chef de chantier en particulier expose ses choix et les explique.
Suite au chantier de Mimizan, la plupart des stagiaires du groupe aquitain ont effectué les quatre exercices à accomplir sur des natures de terrain différentes. Il reste, pour compléter la formation et obtenir le brevet de chef de chantier de brûlage dirigé, le compagnonnage, qui doit avoir lieu hors Aquitaine dici au mois davril 2006. Par la suite, les chefs de chantier devront entretenir leur compétence en participant chaque année à un certain nombre de chantiers de brûlage, ainsi quaux rencontres de brûlage dirigé, organisées au niveau national.
Quant à la parcelle qui a été parfaitement nettoyée par le brûlage, elle va faire lobjet dune expérience sylvicole menée par le propriétaire de la parcelle et par Jean-Marc Billac. Des semis de pins vont en effet être réalisés, sachant quil est très difficile de réussir un semis naturel sur une zone de dune : le brûlage pourrait éventuellement permettre ce type de reboisement.
Source : Capitaine Jean-Yves Perez, SDIS des Landes
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