22/10/2002
Les sylviculteurs et forestiers se sont retrouvés très nombreux ce 19 septembre à St Paul en Born à l’invitation du GPF de La Grande Lande présidé par Sophie Gaston pour son assemblée générale.
Ce fut l’occasion avant toute chose, ce que fit Yves Lesgourgues, de rendre hommage à la mémoire du président Claude GASTON, fondateur du GPF en 1963, qui nous a quitté ce 10 avril 2002.
Près de 140 personnes ont répondu présentes pour suivre cette demi-journée d’information dont les thèmes d’actualité étaient :
- la certification forestière pour les forêts d’Aquitaine présentée par Yves Lesgourgues Directeur du CRPF,
- la visite du Verger à graines polycross de Mimizan conduite par Dominique Pastuszka, ingénieur de l’ONF et Patrick Pastuszka, ingénieur de l’INRA,
- la visite d’une parcelle de la forêt communale de Mimizan, site d’un essai comparatif génétique-densité intégré dans le réseau régional de la coopérative de données sur la croissance du Pin maritime.
>> La certification forestière pour les forêts d’Aquitaine
C’est en salle, à l’aide d’un diaporama, que fut exposé par le Directeur du CRPF d’Aquitaine le processus dans lequel est engagé le Massif forestier en vue de la certification des forêts d’aquitaine. Ce dispositif, après un long travail du Comité de Pilotage PEFC émanant du CIBA, est maintenant opérationnel ; les nombreuses questions qui suivirent l’exposé témoignent de l’intérêt porté par les sylviculteurs du massif à ce sujet.
L’évolution très rapide de la demande des marchés concernant les produits à base de bois a conduit les acteurs de la filière forêt-bois d’Aquitaine, en collaboration avec les diverses « parties intéressées » à mettre en place un dispositif de certification de la gestion durable de ses forêts. Un tel outil vise à rendre compte aux consommateurs de cette gestion durable, et il est en passe de devenir un préalable obligatoire à l’accès à certains marchés. La démarche mise en place en Aquitaine s’intègre dans le Programme Européen des Forêts Certifiées (PEFC), seul système de certification acceptable pour la propriété forestière.
C’est ainsi que le système aquitain de certification forestière PEFC était validé le 28 mai 2002 par l’AFAQ, organisme certificateur en charge de la vérification du dossier. Il est donc possible désormais à un propriétaire d’adhérer à la certification, via la Maison de la forêt ou directement auprès du Comité PEFC Aquitaine, selon des modalités qui viennent d’être arrêtées. Cette adhésion comporte un engagement à des pratiques de gestion durable qui sont codifiées dans le Référentiel technique régional.
Originalité du système aquitain, le Référentiel Technique Régional se compose de 3 codes de pratiques de gestion durable :
- un code « sylviculture », qui concerne les choix sylvicoles de la seule responsabilité du propriétaire ;
- un code « travaux sylvicoles » et un code « exploitation forestière » qui précisent des aspects techniques relatifs à ces opérations.
A l’instar des propriétaires, les entreprises qui réalisent ce type de prestations peuvent adhérer à la certification en s’engageant à respecter le(s) code(s) qui les concerne(nt). Ainsi, dès lors qu’un propriétaire qui n’effectue pas lui-même ces opérations, fait appel à une entreprise adhérente, il a l’assurance que celle-ci s’est bien engagée à la mise en œuvre des pratiques inscrites dans le Code « travaux sylvicoles » ou « exploitation forestière » selon les cas : il y a transfert de responsabilité.
De nombreux éléments, qui concernent aussi bien les sylviculteurs, les mobilisateurs et les transformateurs, plaident pour une généralisation de la certification à l’ensemble des forêts d’Aquitaine et une utilisation du label par tous les partenaires de la filière :
- les contraintes, notamment pour les mobilisateurs et les transformateurs, d’une traçabilité très rigoureuse dès lors que se mêlent des flux de bois et de produits certifiés et non certifiés ;
- la possibilité pour les transformateurs de certifier 100% de leur production dès lors que 70% au minimum de leur approvisionnement est certifié ;
- la sécurisation, voire la conquête de nouveaux marchés, dès lors que la ressource en bois ou produits certifiés est suffisante pour garantir des approvisionnements réguliers ;
- la recherche d’un impact maximum de la certification PEFC des forêts d’Aquitaine, qui dépend du nombre d’hectares certifiés et de propriétaires adhérents, notamment pour la promotion des produits qui en sont issus sur les marchés ;
- à terme, un effet d’échelle qui pourrait permettre de diminuer encore les coûts de certification.
C’est la raison pour laquelle une large campagne d’adhésion va être démarrée en ce début du mois d’octobre 2002, avec l’envoi d’une documentation aux propriétaires forestiers assortie de bulletins d’adhésion.
>> Visite du Verger à graines polycross de Mimizan
A la suite de cette exposé, les participants sous la conduite de Jean-Marc Billac, conseiller forestier du GPF de La grande Lande et organisateur de la visite, se sont rendus au Verger à graine de deuxième génération situé en forêt domaniale de Mimizan.
Mme Pastuszka ingénieur de l’ONF, gestionnaire de ce verger a présenté celui-ci. Ce Verger à graines de pin maritime fait partie des trois vergers de deuxième génération présents sur le Massif forestier Gascon. Il fut installé entre 1987 et 1992 sur 60 hectares. Il a été récolté sur ce verger en 2002 1248 hl de cônes, soit environ 2500 kg de graines. La graine est utilisée par les pépiniéristes pour la production de plants de pins destinés à la plantation. Ce type de vergers dit "Polycross" est composé à la base de graines issues de 30 à 40 individus sélectionnés sur leur valeur génétique. Les chercheurs de l’INRA ont pris soin de garder une diversité génétique suffisante malgré la réduction de cette base génétique.
Patrick Pastuska, président du Groupement d’Intérêt scientifique Pin Maritime du Futur a donné les détails concernant ce programme d’amélioration génétique. Il a fait part du travail important entrepris à la base dans les années 1960 à 1974 de sélection de 550 « arbres + » en forêt landaise à l’origine de ce programme. Concrètement pour le sylviculteur qui plante ces pins, les gains estimés sont de 30 % sur le volume à 15-20 ans et de 30 % sur la rectitude par comparaison au matériel non amélioré.
En tant que responsable à l’INRA et du GIS, Patrick Pastuska ainsi que les membres du GIS dont font partie l’INRA, l’AFOCEL, l’ONF et le CPFA (organisme de développement forestier des propriétaires privés), réfléchissent aujourd’hui à la mise en place de Vergers de la troisième génération. La création de ces vergers doit permettre :
- la poursuite du programme en améliorant encore le gain génétique,
- de répondre à la demande croissante de graines améliorées (100000 ha à reboiser après la tempête),
- de diversifier les variétés par rapport à d’autres critères de stations de production (variétés issues de croisement entre pin maritime de race corse et landaise).
Les besoins futurs en graines améliorées peuvent être estimés entre 3 et 5 tonnes par an. Pour satisfaire ces besoins, la surface de la troisième génération de vergers à installer sur la période 2000-2010 se situe entre 100 et 200 hectares.
>> Visite d’une parcelle de la forêt communale de Mimizan
Pour illustrer ces propos, Jean-Marc Billac a conduit les forestiers sur une parcelle installée sur la forêt communale de Mimizan. Cette parcelle est un essai génétique-densité. La station est une lande mésophile à humide composée au niveau floristique de bruyère à balais, de bourdaine, de molinie et de fougère aigle poussant sur un sol de sable noir avec une présence d’alios discontinue. L’essai est basé sur la comparaison de différentes origines de plants (quatre) et deux scénarios sylvicoles basés sur les différences de densité de plantation et d’intensité d’éclaircie. Les étapes sylvicoles de cette parcelle furent les suivantes :
- printemps 1990, préparation du terrain : débroussaillage puis traitement herbicide préventif en bande au Glyphosate.
- fin 1990, travail du sol : passage de dent à 80cm dans l’axe de la ligne et labour en bande avec fertilisation initiale de 60 U P2O5
- mars 1991 : plantation manuelle interligne de 4m ;
- 1993, 1998, 2000, 2002 : débroussaillement ;
- 1999 : élagage.
Les mesures réalisées en Novembre 2000 sur des arbres de 10 ans sont déjà intéressantes et encourageantes par rapport à l’accroissement en circonférence. D’autre part des notes mesurant la qualité ont été faites en septembre 2002 ; elles font apparaître, à partir de critères objectifs, un très fort avantage pour les arbres issus des vergers de pollinisation contrôlée (de même niveau que le polycross de mimizan).
Lot non amélioré | Verger 1G | Verger de pollinisation contrôlée | Landes x Corse | |
% arbres avenir (A+B) | 28,9% | 34,3% | 49,1% | 58,7% |
% 1er billon de qualité | 38,1% | 51,1% | 65,4% | 63,0% |
% arbres très flexueux | 54,8% | 32,6% | 27,0% | 18,5% |
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