04/09/2008
Alors que le numéro 1 mondial International Paper a racheté les actifs papetiers et emballage de son compatriote Weyerhauser, que certains analystes financiers proposent la fusion des groupes finlandais concurrents Stora Enso et UPM Kymenne, un nouveau géant est en passe de naître au Brésil.
En 2003, la thèse d’une grande banque d’investissement américaine prévoyait que d’ici à 2050, 4 pays rejoindraient le niveau de richesses des pays du G7 USA, Japon, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie et Canada. Il s’agissait des BRIC, un acronyme pour Brésil, Russie, Inde et Chine. Des pays riches de leur ressources naturelles, de leur main d’œuvre bon marché et de la vigueur de leur croissance intérieure.
Récemment désendetté L’ensemble des dettes extérieures du Brésil ont été remboursées en janvier 2008. Le Brésil devenait créditeur pour la première fois depuis 1824., le Brésil est en bonne santé financière. Une santé si bonne que sa banque centrale est contrainte de limiter la valorisation de sa monnaie. Car le risque est de nuire à l’économie exportatrice brésilienne. En 2006, les exportations représentaient 139 milliards de dollars et la balance commerciale était excédentaire de 46 milliards de dollars. A titre d’information, en Euros certes, la France affichait une balance commerciale déficitaire de 24 milliards en 2007.
Pour l’industrie papetière, le taux de change est un atout pour la compétitivité, au même titre que le coût de la main d’œuvre. Mais le véritable atout compétitif du Brésil, c’est l’eucalyptus. Un eucalyptus pousse en seulement 7 ans sur de très vastes surfaces planes, faciles à exploiter. En attendant une croissance encore plus rapide de 3 ans avec l’introduction d’une nouvelle espèce en provenance d’Océanie.
Un grand acteur mondial
Le Brésil propose « des coûts de production 3 à 4 fois inférieurs à ce qui se pratique en Europe », précisait en juillet 2005 le vice-président du géant scandinave Stora Enso au Brésil. Le pays « s’est transformé en un grand acteur mondial au cours des vingt dernières années » indiquait la même source. Dès lors, le Brésil aiguise les appétits depuis les années 2000.
En 2005, Stora Enso s’alliait au Brésilien Aracruz dans la joint-venture Veracel pour construire une usine de pâte à papier capable d’une production annuelle de 900000 tonnes. Le scandinave ne craignait en rien une crise de la surproduction, jugeant que le taux de rentabilité de l’unité amortirait cet investissement ultra-moderne en moins dix ans.
Appétits brésiliens
Trois ans plus tard, l’allié brésilien Aracruz aiguise lui aussi les appétits. En l’occurrence de son concurrent national Votorantim, le premier conglomérat brésilien présent dans le ciment, l’aluminium, la chimie… est aussi le 3ème papetier brésilien. Son dirigeant ne fait pas mystère de ses ambitions, devenir numéro 1 mondial devant l’américain International Paper.
Actuellement, Votorantim contrôle 28% de Aracruz et est en passe de devenir majoritaire moyennant un investissement de 1, 1 milliards d’euros. Avec cette fusion, le groupe disposerait avec Stora Enso d’une unité de production très productive, des coûts de production les « plus faibles au monde » selon Votorantim et multiplierait son poids sur le marché de la pâte à papier par 5 d’ici à 2020.
Hors fusion et acquisition, point de salut ? La concurrence des BRIC est forte. Le brésil est très compétitif. La stratégie protectionniste russe handicape les Finlandais (voir notre édition expert du 31/07/2008). Si la demande est aujourd’hui difficile à évaluer, l’économie mondiale reste croissante et ses besoins évoluent.
Sources : Les Echos, Ministère des Affaires Etrangères.
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