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Lutte contre l'incendie - Le feu tactique arrive en France

16/06/2005
Allumer un feu pour éteindre un incendie : le feu tactique, ou brûlage dirigé, déjà utilisé dans de nombreux pays, devrait être mis en place en 2006 en France. Un groupe d'une vingtaine d'Aquitains se forme dès cette année à cette technique.

Sapeurs-pompiers, techniciens de l'Office national des forêts, DDA, sylviculteurs : ils sont aujourd'hui une vingtaine en Aquitaine, dont cinq Landais, à suivre une formation spécifique au brûlage dirigé, pré-requis nécessaire à l'utilisation du feu tactique.

Des finalités bien précises
Le brûlage dirigé consiste à utiliser le feu comme un outil. Cette technique a deux finalités :
- la prévention : ouverture de milieu ou débroussaillement. Ces deux types d'utilisation peuvent être mis en œuvre à la demande d'un Maire, d'une association, d'un parc naturel, etc.
- la lutte active, où le feu tactique peut être utilisé comme outil de lutte en utilisant le principe du contre feu (suppression du combustible).
Le terme de brûlage dirigé remplace désormais celui d'écobuage, et recouvre des finalités plus larges que ce dernier (l'écobuage ne correspondant qu'à des fins pastorales).

Une technique simple et peu coûteuse
L'utilisation du feu est très réglementée par le Code forestier et les arrêtés préfectoraux. Par contre, concernant le feu tactique comme outil de lutte, il y avait jusque là un vide juridique : en effet seuls les Maires étaient habilités à prendre la décision d'y recourir ; les pompiers (ou toute personne formée) sont pourtant les plus à même de juger de la pertinence de son utilisation. La loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 donne désormais le droit au Commandant des opérations de secours (COS) de recourir au feu tactique dans le cadre de la lutte active.

Cette technique est parfaitement adaptée à la lutte contre des incendies qui ne peuvent pas être traités par les moyens conventionnels, en particulier dans des zones difficiles d'accès à cause de leur relief ou de la nature du terrain. Le feu tactique est une technique simple qui permet de réduire le temps et le coût des interventions ; l'essentiel du travail consiste à décider de sa pertinence et surtout à organiser la mise en place de l'équipe qui le met en œuvre. Et pourtant elle était jusque là peu utilisée pour cause de manque de personnel formé et de problèmes de responsabilité.

La formation comporte deux étapes : le Brevet de chef de chantier de brûlage dirigé, qui une fois obtenu permet d'effectuer le stage de responsable de feu tactique. Après ces deux étapes, la formation n'est pas finie pour autant : cette compétence doit s'entretenir en permanence. Pour ce faire, des compagnonnages de brûlage doivent être réalisés dans différents milieux sur le plan national. Un groupe de brûlage dirigé doit être constitué d'un chef de chantier brûlage (c'est lui qui remplit la fiche d'intervention et qui mène le chantier) et de son équipier.

Théorie et travaux pratiques
Au cours du 1er semestre 2005, une vingtaine de personnes en Aquitaine ont suivi la formation par équivalence de chef de chantier de brûlage dirigé. Elle s'est déroulée sous la responsabilité du CFPPAF (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole et forestière) de Bazas (33) qui, grâce à la persuasion des responsables de la lutte active en Aquitaine, a pu obtenir l'agrément du Centre interrégional de formation de la sécurité civile de Valabre (13).
Après deux jours d'étude théorique, les candidats au Brevet doivent participer à quatre chantiers de brûlage situés dans des milieux différents. Au programme : un marais à Carcans, un brûlage dans un peuplement de pins maritimes de 40 ans à Carcans également, une zone de chablis dans le Médoc, et enfin une zone en relief. Ce dernier chantier pourrait être mis en application à Mimizan à l'automne 2005 : l'occasion pour Mediaforest de vous proposer un reportage sur cette technique.

Comment ça marche ?
Le Commandant des opérations de secours, après évaluation de la situation, peut décider d'utiliser cette technique. Il fait alors appel aux personnes qualifiées de la région, répertoriées sur les listings détenus par le COZ (Centre opérationnel zonal) de Bordeaux. Un bilan météo est établi. Puis le chantier est préparé : un point d'allumage est défini. L'allumage est provoqué par de l'hydrocarbure en goutte à goutte. Le contre feu perturbe l'arrivée d'oxygène du feu à éliminer. La concurrence des deux feux rompt l'équilibre (lorsque deux feux se rencontrent, ils s'annulent) et le feu peut être maîtrisé.
La mise en place du dispositif en Aquitaine est prévue à partir de 2006. 2005 est l'heure de la pédagogie et de la communication : en interne pour qu'il soit effectivement fait appel à cette technique quand elle est appropriée ; et en externe, car, pour un public peu informé, l'allumage volontaire d'un feu a de quoi surprendre !


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